La Radio Samigosse

No Secret Girl

La première fois que j’entendis parler de No Secret Girl, c’était par un ami entre deux cafés. Comme à son habitude, il s’étonna que je ne connaisse pas alors que « toute la toile ne parlait que de ça depuis une semaine ». Nous élargîmes donc notre pause afin qu’il me montre ce site farfelu, mais, le temps pressant, je n’eus même pas le temps d’y poser une question. Je dus donc attendre le soir pour pouvoir retourner sur ce site rose flashy dont la mise en page témoignait d’atroces fautes de goût. Je m’amusai à poser une vingtaine de questions qui n’obtinrent aucune réponse, et allai finalement traîner ailleurs sur le Net. Après un bon quart d’heure, j’y revins pour faire un tour sur la rubrique « qui suis-je ». La No Secret Girl s’y présentait, mais avec un tel nombre de fautes d’orthographe qu’il m’a semblé préférable de tout corriger avant de vous faire parvenir cet éloge à la frivolité.

« Salut tout le monde ! ;)
Je voudrais d’abord vous dire un grand merci pour être venu sur mon blog ! Demandez tout ce qui vous passe par la tête lol !
Je m’appelle Emily Laureth, j’ai quatorze ans et demi et j’habite au 56 rue Jean-Jacques Rousseau à Marne la vallée, au 3ème étage de l’immeuble (le code pour entrer est A305).
Ça a commencé un dimanche je crois, mais un dimanche pourri où je devais aller voir mes copines pour une après-midi shopping et qu’il pleuvait tellement que l’on avait dû décider de laisser tomber. Je me suis retrouvée toute seule à me faire chier devant mon ordi, et j’ai été traîner sur les fesses du bouc (c’est comme ça que j’appelle facebook mdr) ! Il y avait une application géniale où on te posait cent questions du style « ta couleur préférée », « le style de musique que tu aimes », etc. J’ai toujours adoré ce type de questionnaire, alors j’ai répondu à tout.
En fait, je suis quelqu’un qui adore tous les questionnaires, les sondages dans la rue et les trucs comme ça. Les trucs du genre « votre avis nous intéresse », je les remplis toujours jusqu’au bout !
Une fois que j’avais diffusé l’intégralité de mes réponses sur facebook, ma copine Axelle Pignon (son père s’appelle François XD) l’a lu et l’a rempli aussi. Mais juste une partie, parce qu’elle m’a dit qu’elle n’arrivait pas à répondre à certaines qui étaient trop floues. Je lui ai dit qu’elle ne faisait pas d’effort, et que moi j’étais capable de répondre à n’importe quelle question. Elle a donc commencé à m’en poser pleins pleins pleins pour me tester, et j’ai répondu à tout. D’autres personnes qui glandaient sur facebook sont venues aussi, et n a fait ça toute la soirée !
Le lendemain, je pensais que c’était fini. À part quelques questions des copains sur facebook, il ne se passa plus rien pendant une semaine. C’est Axelle qui me parla du site formspring.me. Pour les cassos qui ne savent pas ce que c’est, il suffit de s’y inscrire et puis après tu peux poser toutes les questions que tu veux à tes amis. C’était en gros ce qu’on venait de faire sur facebook, mais en mieux parce que c’était fait pour. Mais moi, dans « who can see my account ? » au lieu de cocher la case « only my friends » comme le fait tout le monde, j’ai trouvé plus fun de faire « everybody ». Et en message d’accueil sur ma page, j’ai écrit en gros : « JE RÉPONDS À TOUT !! ». Et c’est ce que je fais ! »

Je sortais de cette lecture extrêmement superficielle, avec l’impression que je venais d’écouter durant cinq minutes la voix fluette d’une adolescente à l’âge mental de huit ans. J’avais été particulièrement frappé par le fait qu’elle livre sans aucun souci le code de son appartement, et retourné sur la page d’accueil. Je n’avais pas fait attention lors de ma première visite du nombre de visiteurs gigantesque.

« 11785342 personnes sont venues sur cette page ».
« 651 personnes en ligne ».
« Vous êtes le 3472ème visiteur de la journée ».
« 36321854 questions ont été posées ».
« 5602 questions sont en attente de réponse ».

Je comprenais pourquoi la vingtaine de questions que j’avais posées plus tôt n’avaient pas reçu de réponse ! C’est alors qu’une fleur tournant sur elle-même du plus mauvais goût apparut en bas à droite de la page, avec l’inscription « Emily vous a répondu ». C’était une des premières questions que j’avais posées, comme ça, pour rigoler :
« Demain, je devrais mettre une chemise simple ou à carreaux ? ».
Voici la réponse originale :
« cé tro moche les carro, té un nerd ? xD les chemise noirs, si té bo, c’es tro sex ! ».
C’est ce type de réponse qui vous fait comprendre la bêtise abyssale de la personne avec qui vous discutez. J’allais dans l’historique des questions voire si cela m’était réservé, ou bien si tout le monde avait le droit à ce niveau de langage à donner une attaque à un professeur de primaire. Non, je n’étais pas seul : chacun avait le droit à une réponse d’une ligne ou deux à la superficialité aberrante. Mais en réalité, ce qui m’horrifia le plus était les questions des internautes. On allait de la question sérieuse comme la distance de la Terre à la Lune (ce à quoi elle répondait « j’en sais ri1 lol ! ») à des questions très coconnes comme les miennes. Mais certaines étaient clairement très scatologiques ou sexuelles, et elle répondait sans aucune pudeur malgré ses quatorze ans. Certains la menaçaient carrément de tortures atroces en lui rappelant qu’elle avait donné son adresse, et elle répondait « viens je t’attends ;) ».

Je tapai « No Secret Girl » sur Google, et fut impressionné par le nombre incroyable de pages disponibles. Le premier résultat était bien sûr son site personnel, mais le second était Wikipedia.

No Secret Girl (de son vrai nom Emily Laureth), née le 5 juillet 1996 à Paris dans le 9ème arrondissement, est une collégienne française ayant créé un site où elle répond à toutes les questions des internautes (pour plus d’information, voir [u]No Secret Girl (site)[/u]).
Allez savoir qui avait créé cette page Wikipédia, mais il y avait une biographie complète de cette adolescente, et la description de tout ce qui pouvait la concerner de près ou de loin. Chaque information était référencée par un lien menant à une des questions posées à No Secret Girl sur son site.
Je retournai sur la recherche Google. Beaucoup de forums s’en servaient comme point de départ pour un débat sur la vie privée et publique sur Internet, certains liens étaient des groupes Facebook, d’autres menaient à des parodies du site ou de certaines vidéos que No Secret Girl avaient faites pour se présenter ou répondre à certaines questions « visuelles » (et il n’y avait aucune difficulté à la trouver nue !) Elle n’avait pas de parents ?
Je suis retourné sur son site, dans la catégorie « qui suis-je ». Je voulais comprendre comment un tel laisser-aller était possible.

« Comme il y avait de plus en plus de monde qui venait, un geek m’a proposé de réaliser mon propre site, celui sur lequel tu es en ce moment. Il m’a laissé choisir les couleurs et tout, et j’ai même pas eu à payer parce que j’ai des gens qui m’envoient de l’argent (tu peux faire pareil en cliquant sur « faire un don » en bas à gauche !).
J’ai vraiment compris où j’en étais quand des personnes que je connaissais pas m’en ont parlé au collège. Un jour, c’est carrément ma prof principale, Mme. Mondos, qui a demandé à me voir à la fin des cours. »

La manière dont elle tentait de rendre la discussion était catastrophique. Elle écrivait les paroles de sa professeure et les siennes sur la même ligne, et je dus relire trois fois pour bien tout comprendre. Je me permettrai donc d’en refaire la présentation.

« -Mademoiselle Laureth, m’a-t-elle dit avec sa tête de mort-vivant lui faisant apparaître une dizaine de rides sur le front. Vous connaissez sûrement les rumeurs qui courent à votre sujet en ce moment ?
-Des rumeurs ? Quelles rumeurs ?
-Selon lesquelles vous seriez en train d’étaler à outrance votre vie privée sur Internet.
-Ah, mais ça c’est vrai.
-Ne pensez-vous pas qu’il y a des limites à ne pas franchir ?
-C’est ma vie je fais ce que je veux !
-Ne me parlez pas sur ce ton ! Vous dites du mal de vos professeurs, racontez les secrets de vos amies…
-Ben si ça leur plaît pas, elles ont qu’à pas être mes amies ! Axelle m’a lâchée et ça tombe bien parce qu’elle était c… enfin stupide quoi.
-Et vos parents, que font-ils ? Ils vous laissent faire sans rien dire ?
-Papa est avec ma truie de belle-mère à Liverpool. Et maman elle comprend rien à Internet, et de toute façon, elle a autre chose à faire que de se mêler de ce qui la regarde pas, contrairement à d’autres ! »

Sur ce, elle partit en claquant la porte et ne fit plus mention de professeurs durant le reste du texte. Elle mentionnait les diverses polémiques que son site avait engendrées, et finissait par une phrase en italique qui avait dû lui faire gonfler les chevilles à en casser ses lacets :

« Ceux qui n’ont rien à dire ne sont personnes ».

J’aurais voulu lui demander si elle avait conscience que tout ce qu’elle disait n’était que du vent, mais 67 personnes l’avaient fait avant à moi. Ce à quoi elle avait répondu « en tou, j’ai déjà eu 2103 euros pour mon ven, alors TG ;) ».

No Secret Girl devint un des sites sur lesquels j’allais traîner quand je n’avais rien à faire. Il m’arrivait aussi parfois d’aller voir ce qu’on en disait sur les forums. Certains sites réputés analysait son cas comme « un besoin de reconnaissance dû au complexe d’Œdipe » et tout un blabla qui me lassa au bout de cinq lignes.

Un matin, à droite de l’onglet « faire un don » apparut un nouvel onglet provocateur « faire sa déclaration ». Les raisons de cela restèrent mystérieuses 2,50 secondes, et comprenez bien que si je peux vous raconter ce qui va suivre, c’est parce qu’elle en parlait dans les moindres détails sur son site. Il semblera évident à plus d’un qu’une grande part fut romancée, consciemment ou non, mais je resterai toujours dans mon récit le plus fidèle possible à ses propos.
La vie amoureuse de la No Secret Girl avait connu un grand boum depuis l’apparition de son site. Elle semblait être sortie avec les trois quarts des garçons de son lycée, puis s’était lassée. Recevant sans cesse des mails d’amour d’inconnus, elle avait fini par en rencontrer quelques-uns. Si elle était tombée sur quelques dégénérés, elle disait aussi avoir eu droit à des types très bien, mais pas assez pour elle. En réalité, Emily Laureth semblait condamnée à ne pas pouvoir faire durer plus d’une semaine une relation. Et c’était le plus souvent le jeune homme qui la plaquait. L’arrivée de ce nouvel onglet fit parler d’elle quelques jours sur la toile, et certains sites se prenant plus au sérieux que d’autres parlèrent de « cri de détresse affectif de la No Secret Girl ». D'autres, plus sarcastiques, demandaient l’apparition d’un onglet « Inciter à la pendaison ».
Après plusieurs jours de demandes de certains fans, elle fit apparaître en ligne toutes les déclarations qu’elle avait reçues, commençant même à les noter et expliquer les critères nécessaires selon à elle à une bonne lettre. Elle retirait un point lorsque l’on s’était servi de l’onglet de déclaration, préférant que l’on la lui envoie par la poste, que l’on cache sa lettre dans son sac ou, le top du top qui rajoutait un point bonus, qu’on lui fasse la déclaration en public (même si c’était plus dur de la retranscrire par la suite, car il fallait s’en rappeler). Dès qu’on la plaquait, elle notait toutes les nouvelles déclarations et sortait avec le détenteur de la meilleure note. Voici une sélection de quelques lettres :

Gravé sur une table où Emily avait cours juste après :
« Cher Emily,

Depuis que je t’ai vu sur Google Image,
Mon cœur tout entier bout de rage
De ne pas t’avoir rencontré plus tôt,
Épouse-moi bel oiseau.

Kevin »

Appréciation : 6/10. Jème bi1 la poèzi mais jèm pa les oiseau, imréveil le mat1.

Par e-mail :
« Coman té tro bonn gé 53 ans mé jte nik kan tu veu. »

Appréciation : 1/10. Un peu tro cru.

Déclaration publique dans le hall du collège (Emily l’avait retranscrite pleine de fautes, mais je l’ai corrigée) :
« -Excuse-moi… Tu as deux secondes ?
-Ça dépend c’est pour quoi ?
-Je me demandais si tu accepterais d’aller au resto avec moi… Ou un truc comme ça…
-Est-ce que tu vas sur mon site ?
-Oui, bien sûr.
-Alors, dis-moi où il faut m’emmener pour que je sois contente.
-Tu aimes beaucoup le restaurant japonais c’est ça ?
-Très bien. Et comment tu dois venir habiller ?
-Avec une chemise sans carreaux.
-Excellent. Pour finir, si tu vois une araignée, tu…
-Je l’écrase, tu as peur des araignées… Mais t’es tellement belle quand tu as peur… ».

Je ne vous cacherai pas que cette phrase m’a bien fait rigoler devant mon ordinateur. Ce qui ne fut visiblement pas le cas de la No Secret Girl qui, très touchée, rédigea la critique qui suit :

Appréciation : 9,5/10. A fé un cent faute, es mignon et na pa peur de dir se qu’il panse.

Si bien que lorsqu’elle largua son précédent petit copain, elle alla directement vers lui. Leur relation dura beaucoup plus longtemps que tout ce que le web avait pu imaginer. Ils tinrent bon toute l’année scolaire, et il l’invita avec lui à la campagne durant les grandes vacances. Internet eut ainsi droit à une rédaction minutieuse de son dépucelage à en faire pâlir un film pornographique. Lorsqu’elle entra au lycée où il était déjà depuis un an, leur relation ne s’en porta que mieux. Et puis, on se lassa de la No Secret Girl. Si sa « première fois » avait fait parler d’elle à nouveau, elle finit petit à petit par n’avoir plus que ses fans sur son site. Ce qu’elle ne toléra guère. Chacun de ses messages était désormais plus haineux, les internautes étaient devenus des cons qui ne savaient pas ce à quoi il fallait s’intéresser. Elle créa finalement l’onglet « inciter à se pendre » juste pour faire parler d’elle, ce qui fonctionna quelques jours puis plus rien. Alors, elle sortit un mensonge énorme d’une tentative de viol par certains de ses fans dans la rue, qui aurait été plausible si son imaginaire de gamine de quinze ans ne l’avait pas fait dévier vers l’apparition de son petit copain muni d’un nunchaku et d’un sabre mettant ces connards en fuite (véridique). Commençant peu à peu sa crise d’adolescence, elle regarda les résultats de l’incitation à la pendaison de plus en plus sérieusement, et finit même par faire une tentative de suicide en s’ouvrant les veines. Lorsqu’elle rouvrit les yeux à l’hôpital, son copain la gifla immédiatement, et ils ne se parlèrent plus durant une semaine.
Elle regardait chaque soir les statistiques de son site qui diminuait toujours plus. Plus personne ne faisait de don. Lorsqu’elle se réconcilia avec son petit ami, ce fut pour elle un véritable miracle, car il l’empêchait de finir dans une dépression totale. Comme elle broyait du noir jour après jour, il ne savait plus quoi faire pour lui remonter le moral, et elle avait l’impression qu’il n’attendait que sa « guérison » pour casser.
Ce qui va suivre a probablement été encore une fois très romancé, mais ce sont les derniers mots de la No Secret Girl. Alors, tout en les corrigeant, il me semblait important de vous en faire part.
Elle était probablement sur le lit de son petit ami, et remuait des idées noires.
« -Pourquoi est-ce que plus personne ne vient ? Je dis toujours la vérité toujours ! J’ai menti une fois, mais je me suis excusé et tout et tout !
-C’est pas ta faute Emily. Les gens se lassent, c’est tout.
-Je ne veux pas qu’on se lasse de moi !… Mais je sais très bien que ça se passe comme ça, depuis le début. Tous les mecs avec qui je suis sorti en avaient marre au bout de trois jours. Pourquoi tu restes avec une conne comme moi, hein ? Il est où l’intérêt ?
-Je sais pas exactement. T’es mystérieuse. J’aime bien.
-Mystérieuse ? Tu te fous de moi ? Tout le monde connaît toute ma vie, j’ai que dalle de mystérieux ! Va sur mon site et dis-moi où il est le mystère !
-J’ai jamais été sur ton site. »
Je ne sais pas exactement si c’est possible, mais elle raconte qu’elle avala ses larmes de travers et s’étouffa pendant trente secondes.
« -Tu racontes n’importe quoi ! Bien sûr que tu y as été ! Tu me l’as dit !
-Ouais ben j’ai menti.
-Et pourquoi tu aurais fait ça ?
-Parce que, la première fois que tu m’as demandé si j’y avais été, il y avait cette intonation dans ta voix qui… qui m’expliquait que si je disais « non », tu n’aurais pas accepté de sortir avec moi. Et ç’aurait été affreux.
-Mais tu n’as jamais eu envie d’y aller ?
-Si ! Pleins de fois ! Mais à chaque fois, je m’empêchais de céder à la tentation parce que je préférais te connaître par moi-même.
-Alors comment as-tu su que je voulais aller dans un restaurant chinois ?
-Parce que la cantine du collège et du lycée est la même, et qu’à chaque fois qu’on mangeait chinois, je te voyais sauter de joie devant le menu. Pourtant quand on voit l’état de leurs nems, ça donne pas envie.
-Et pour la chemise ?
-Encore plus facile. Il suffisait de voir ta tête quand tu voyais arriver tes nouveaux cyber-petits copains en chemises à carreaux, et quand il n’en avait pas.
-Tu m’as espionné ?
-Je suis tombé amoureux, c’est pas pareil !
-Et pour les araignées ? Tu m’as déjà vu écraser une araignée ?
-Ben non. Tu les sauves toujours discrètement.
-Comment tu le sais ! Je l’ai jamais fait devant toi !
-T’es pas discrète ! A chaque fois tu cries, tu fais semblant de l’écraser, tu la caches dans un journal et tu la balances par une fenêtre pas trop haute !
-Mais même sur mon site j’ai dit que je les écrasais, parce que je trouve ça cucul de les sauver ! Si tu m’avais vu en sauver une, pourquoi tu l’as pas dit devant tout le monde ?
-Parce qu’incroyable, mais vrai, tu es timide. Et ça t’aurai gêné que je le dise devant tout le monde, non ?
-Et tu dis que je suis mystérieuse ? Tu lis en moi comme dans un livre ouvert.
-Pourquoi as-tu passé autant de temps dans ta vie à te confier à des inconnus ?
-Hein ? Eh bien…
-Tais-toi ! Je ne veux rien savoir ! Et pourquoi quand nous avons été au restaurant chinois tu n’as finalement rien mangé ? Pourquoi est-ce que toi non plus tu ne te lasses pas de moi ? Pourquoi est-ce que tu rigoles toujours autant quand un comique dit une blague à la télé, et fait semblant de rire quand je la répète ? Pourquoi est-ce que tu gardes toujours les yeux ouverts quand tu m’embrasses ? Je ne veux pas le savoir, même pour tout l’or du monde. Je veux continuer à me faire des hypothèses farfelues dans mon coin, et continuer à t’aimer sans trop comprendre pourquoi. »

La No Secret Girl ne rajouta pas un seul mot après avoir écrit cette discussion. Elle déclara juste qu’elle ne retournerait plus jamais sur le site, et remercia tous ceux qui l’avait suivi. Alors, la No Secret Girl disparut, et il ne resta plus qu’Emily Laureth, une adolescente de quinze ans que certaines personnes reconnaissaient dans la rue. Du moins, je le suppose.

Quand je retombai bien des années plus tard sur ce site, j’aperçus une petite fleur tournant sur elle-même en bas à gauche de la page. C’était une réponse à la toute première question que j’avais posée, manquant complètement d’originalité et déjà posée par des milliers de personnes avant moi.

Pourquoi ce site ?

Et elle m’avait répondu, sans aucune faute d’orthographe pour une fois :

Mystère ;)

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