Déconseillé aux âmes sensibles
Les questions sont plus importantes que les réponses. Ce sont les derniers mots que m’a dit ma mère avant de mourir écrasée par un piano tombant du sixième étage d’un immeuble. Par chance, il fonctionnait encore. Je le sais car, voyez-vous, Let it be était la chanson préférée de ma maman. Or, je me suis dit que si l’une de ses oreilles étalée sur la chaussée fonctionnait encore, elle serait ravie d’entendre cette chanson avant de monter au ciel. Comme quoi, elle avait bien fait de me donner des cours de piano.
Vous pensez sûrement qu’après cela, je suis devenu pianiste. Et c’est d’ailleurs sans aucun doute ce qu’aurait fait toute personne sensée. Cependant, à la surprise de tous mes proches, je décidai de devenir un questionneur. Je vous vois arrivé avec vos grands sabots de bois « mouii, qu’est-ce que c’est que ce métier, c’est n’importe quoi, les jeunes de nos jours, etc. » Trop de personnes se moque de mon métier tout simplement car ils ignorent quelles sont ses caractéristiques. Voyez-vous, un questionneur est exactement l’inverse d’un répondeur. C’est-à-dire qu’il doit jurer sur la vie de sa mère, même si elle déjà morte, qu’il ne posera plus que des questions pour le reste de sa vie, et jamais de réponse.
-Et combien ça rapporte cette connerie ? me demandait très aigri mon père.
-Et combien ça rapporte cette connerie ? me demandait très aigri mon père.
-Qu’est-ce que j’en sais moi ? lui répondais-je furax. Il était con ou quoi ? C’est moi qui venait d’inventer ce métier, et tant que l’on n’a pas la majorité, on n’a pas le droit de gagner de l’argent. Je ne pouvais donc pas savoir combien ça rapportait !
Toutefois, être questionneur est un métier d’avenir, croyez-moi, et je ne saurais que trop vous le conseiller. Toute mon adolescence, j’ai pu découvrir les multiples et fantastiques usages de celui-ci.
Par exemple, lorsque la professeur vous demande :
-Perséphone (c’est mon nom), venez au tableau.
Vous pouvez répondre du tac au tac :
-Quelle est la couleur de vos chaussettes aujourd’hui ?
Un autre exemple. Vous marchez tranquillement dans les couloirs, et là une fille vient vous voir et vous dit :
-Accepterais-tu de sortir avec moi ?
Vous, aussitôt :
-Mais, au fond, pourquoi les poules n’ont pas de dent ?
Et les exemples sont infinis ! Si vous avez encore du mal à comprendre, je vais prendre un exemple encore plus simple.
Toutefois, être questionneur est un métier d’avenir, croyez-moi, et je ne saurais que trop vous le conseiller. Toute mon adolescence, j’ai pu découvrir les multiples et fantastiques usages de celui-ci.
Par exemple, lorsque la professeur vous demande :
-Perséphone (c’est mon nom), venez au tableau.
Vous pouvez répondre du tac au tac :
-Quelle est la couleur de vos chaussettes aujourd’hui ?
Un autre exemple. Vous marchez tranquillement dans les couloirs, et là une fille vient vous voir et vous dit :
-Accepterais-tu de sortir avec moi ?
Vous, aussitôt :
-Mais, au fond, pourquoi les poules n’ont pas de dent ?
Et les exemples sont infinis ! Si vous avez encore du mal à comprendre, je vais prendre un exemple encore plus simple.
Monsieur A : Bonjour, comment allez-vous ?
Monsieur B : Aimez-vous l’emmental ?
Monsieur B : Aimez-vous l’emmental ?
Évidemment, je perçus vite de la jalousie dans le regard de tout ce qui m’entourait. Ainsi, un jour, le directeur de l’école vint frapper à la porte et demanda à ce que je vienne dans son bureau. Tout fier d’avoir fait parler de moi jusqu’au bureau du proviseur, j’y allais tout gaiement. Peut-être voulait-il que je lui apprenne les secrets de mon métier, me disais-je en chemin. Mais lorsque j’arrivai, je vis tout de suite que… quelque chose n’allait pas. Effectivement, il y avait dans son bureau pleins de superbes tableaux, un bureau qui reflétait votre propre image ou encore des rideaux très très chic.
-Comment ça se fait qu’on a tous du matériel pourri et que ça brille comme ça chez vous ? Vous êtes un escroc ?
-Ah ah, me répondit-il gêné (mes talents de questionneur venaient en effet de se révéler à lui). Nous parlerons de ça plus tard Perséphone. Pour l’instant assis-toi là, tu veux ?
-Vous avez déjà vu un éléphant ?
-Perséphone, je t’en prie, ne change pas de sujet. Tu es un grand garçon maintenant.
-Et une girafe, vous avez déjà vu une girafe ?
-Écoute Perséphone, nous sommes là pour t’aider. Nous t’apprécions beaucoup, là n’est pas la question. Ta maîtresse me dit toujours que tu es un élève « spécial mais charmant ». Néanmoins…
-Et une otarie ?
-Tes capacités de « questionneur » n’ont pas leur place dans cet établissement. Le fait que tu répondes à chaque question dans tes interrogations par « pourquoi vous me le demandez si vous le savez ? » et autres cocasseries ne sont pas possible. Je vais te poser trois questions. Essaye de vraiment y répondre, je demande ça pour ton bien. Premièrement, quel est ton nom ?
-Comment vous avez pu m’appeler Perséphone si vous êtes pas au courant ?
-Réponse acceptable. Deuxièmement, combien ma main droite (il me la montra) a-t-elle de doigts ?
-Ah ah, me répondit-il gêné (mes talents de questionneur venaient en effet de se révéler à lui). Nous parlerons de ça plus tard Perséphone. Pour l’instant assis-toi là, tu veux ?
-Vous avez déjà vu un éléphant ?
-Perséphone, je t’en prie, ne change pas de sujet. Tu es un grand garçon maintenant.
-Et une girafe, vous avez déjà vu une girafe ?
-Écoute Perséphone, nous sommes là pour t’aider. Nous t’apprécions beaucoup, là n’est pas la question. Ta maîtresse me dit toujours que tu es un élève « spécial mais charmant ». Néanmoins…
-Et une otarie ?
-Tes capacités de « questionneur » n’ont pas leur place dans cet établissement. Le fait que tu répondes à chaque question dans tes interrogations par « pourquoi vous me le demandez si vous le savez ? » et autres cocasseries ne sont pas possible. Je vais te poser trois questions. Essaye de vraiment y répondre, je demande ça pour ton bien. Premièrement, quel est ton nom ?
-Comment vous avez pu m’appeler Perséphone si vous êtes pas au courant ?
-Réponse acceptable. Deuxièmement, combien ma main droite (il me la montra) a-t-elle de doigts ?
-Vous voyez pas que vous en avez cinq ? Vos lunettes marchent pas ?
-C’est bien petit. Troisièmement, fais-moi une phrase qui ne soit pas interrogative.
-Une quoi ?
-Une phrase non-interrogative.
-Mais pourquoi ?
-Fais-le.
-Vous savez pas comment fonctionne un questionneur ?
-Perséphone, s’il te plaît !
-Et s’il me plaît pas ?
-Dernière chance.
-En somme, vous n’avez jamais vu ni éléphant, ni girafe, ni otarie ?
Maman aurait été fière de moi. J’ai fini dans une camisole de force, enfermé à l’asile Saint-Joseph.
-C’est bien petit. Troisièmement, fais-moi une phrase qui ne soit pas interrogative.
-Une quoi ?
-Une phrase non-interrogative.
-Mais pourquoi ?
-Fais-le.
-Vous savez pas comment fonctionne un questionneur ?
-Perséphone, s’il te plaît !
-Et s’il me plaît pas ?
-Dernière chance.
-En somme, vous n’avez jamais vu ni éléphant, ni girafe, ni otarie ?
Maman aurait été fière de moi. J’ai fini dans une camisole de force, enfermé à l’asile Saint-Joseph.
En fait, c’est là-bas que j’ai fini mes dix dernières années jusqu’à aujourd’hui. Je n’ai jamais eu à me plaindre du service. Tout d’abord, ma chambre et mon lit sont tous les deux très confortables, ils sont tous les deux rembourrés avec du coton très doux. Et puis pensez-vous, avant, mon papa me grondait quand je sautais sur mon lit. Mais maintenant que je ne le vois plus, je peux sauter librement dans tous les coins et recoins de ma chambre. En fait pour être exact, au début il venait me rendre visite, et un jour il a dit « oh puis après tout, ta mère n’avait qu’à pas fumer enceinte, allez hop, tu te démerdes » et je ne l’ai jamais revu. Vous vous demandez sûrement si je me suis fais des amis là-bas. Pour tout dire, j’en ai qu’un, mais haut placé hein, c’est le directeur de l’asile ! Je sais me faire des relations moi. Surtout des relations sexuelles d’ailleurs, étant donné que deux jours après que je sois arrivé dans l’asile, le directeur m’a pris à la fois en charge et en levrette. Le problème, c’est qu’il a peur que ça s’ébruite et donc il m’a interdit de voir d’autres personnes. Comme je suis au cinquième étage, je ne vois les autres que par la fenêtre lorsqu’ils jouent dans la cour, mais ils ne m’entendent pas d’ici. Mais je sais rester optimiste : je suis dans une loge confortable, la vue sur toute la ville est imprenable, la bouffe est vraiment pas mal…
TOC TOC TOC.
Je me suis retourné. C’était le directeur.
-Bonjour mon petit questionneur. Comment vas-tu ce soir ?
-Il est déjà dix-huit heures ?
-Eh oui, content de savoir que le temps passe vite pour toi. Par contre, j’ai eu personnellement une journée très difficile, j’espère que tu vas m’aider à me remonter… le moral. Et j’espère que tu as du souffle à revendre aujourd’hui.
-Pourquoi dites-vous cela ?
-Eh bien mon Persé, parce qu’aujourd’hui c’est ton… anniversaire ! Tu as vingt ans !
Il sortit alors de son dos un fantastique gâteau avec vingt bougies dessus. Il était vraiment si gentil ! J’ai voulu y goûter tout de suite, mais il m’a reprit.
-Allons ! Ne t’ai-je pas appris les bonnes manières ?
Le directeur avait très vite compris que je ne dirais jamais « merci », ce qui était digne d’un répondeur. Il m’avait donc enseigné une autre technique pour remercier quelqu’un. Mais je n’eus pas le temps de me baisser que le directeur plongea tête la première au sol et s’écrasa dans le gâteau. Je levai les yeux. Une femme d’une trentaine d’années en fauteuil roulant se tenait devant moi dans l’entrebâillement de la porte, avec un extincteur dans la main avec lequel elle venait de défoncer le crâne du directeur.
-A qui ai-je l’honneur ? demandai-je poliment.En fait, je pensais qu’elle allait me répondre. Non pas qu’elle avait l’air d’une répondeuse, mais elle semblait plutôt normale. Pourtant, ce qu’elle me dit juste après avait tout de la questionneuse endurcie.
-Est-ce que tu es un LAPIN ?
-Excusez-moi ?
-Enfoiré de rongeur ! Je ne me répéterai pas deux fois ! Est-ce que tu es un LAPIN ?
-Pourquoi serai-je un lapin ?
-Donc t’es pas un LAPIN ?! Tant mieux ! Alors maintenant siteplé, foutons le camp d’ici !
Je l’ai suivie dans le couloir, et on a commencé à détaler comme des lapins.
TOC TOC TOC.
Je me suis retourné. C’était le directeur.
-Bonjour mon petit questionneur. Comment vas-tu ce soir ?
-Il est déjà dix-huit heures ?
-Eh oui, content de savoir que le temps passe vite pour toi. Par contre, j’ai eu personnellement une journée très difficile, j’espère que tu vas m’aider à me remonter… le moral. Et j’espère que tu as du souffle à revendre aujourd’hui.
-Pourquoi dites-vous cela ?
-Eh bien mon Persé, parce qu’aujourd’hui c’est ton… anniversaire ! Tu as vingt ans !
Il sortit alors de son dos un fantastique gâteau avec vingt bougies dessus. Il était vraiment si gentil ! J’ai voulu y goûter tout de suite, mais il m’a reprit.
-Allons ! Ne t’ai-je pas appris les bonnes manières ?
Le directeur avait très vite compris que je ne dirais jamais « merci », ce qui était digne d’un répondeur. Il m’avait donc enseigné une autre technique pour remercier quelqu’un. Mais je n’eus pas le temps de me baisser que le directeur plongea tête la première au sol et s’écrasa dans le gâteau. Je levai les yeux. Une femme d’une trentaine d’années en fauteuil roulant se tenait devant moi dans l’entrebâillement de la porte, avec un extincteur dans la main avec lequel elle venait de défoncer le crâne du directeur.
-A qui ai-je l’honneur ? demandai-je poliment.En fait, je pensais qu’elle allait me répondre. Non pas qu’elle avait l’air d’une répondeuse, mais elle semblait plutôt normale. Pourtant, ce qu’elle me dit juste après avait tout de la questionneuse endurcie.
-Est-ce que tu es un LAPIN ?
-Excusez-moi ?
-Enfoiré de rongeur ! Je ne me répéterai pas deux fois ! Est-ce que tu es un LAPIN ?
-Pourquoi serai-je un lapin ?
-Donc t’es pas un LAPIN ?! Tant mieux ! Alors maintenant siteplé, foutons le camp d’ici !
Je l’ai suivie dans le couloir, et on a commencé à détaler comme des lapins.
À suivre.
Vraiment top !
RépondreSupprimerMmmmh, quelques fautes visibles au début, surement d'autres apres que je n'ai pas vu, emporté par les mots.
Super, pas sûr qu'il y ait besoin de suite m'enfin :)